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10 personnes queer nous racontent leur coming out

Avant de devenir une série culte sur le petit écran, Pretty Little Liars était une série de romans pour jeunes adultes qui occupait une étagère entière dans la librairie près de chez moi. Quand j'étais en sixième, j'allais à la librairie avec ma mère, et pendant qu'elle dénichait des best-sellers pour son club de lecture, je me cachais dans la section "jeunesse". À chaque fois, j'attrapais le même livre jaune vif et le feuilletais les pages jusqu'au presque baiser d'Emily et Maya près d'une cascade. 
Bien sûr, ce n'est pas une expérience universelle. Toutes les personnes LGBTQIA+ n'ont pas relu de manière obsessionnelle le chapitre 10 de Pretty Little Liars à l'âge de 11 ans ou n'ont pas rebloggué inlassablement des GIFs d'Orange is the New Black sur Tumblr en 2014 avant d'appeler un jour leurs parents - bourrées, le cœur brisé, assises sur le sol crasseux d'une soirée dans une résidence universitaire - parce qu'elles avaient peut-être, comment dire, des sentiments très déroutants envers la fille qui vivait de l'autre côté du couloir. 
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Dans les détails, très peu de choses relient nos histoires de coming out. Mais ce qui nous relie, c'est le fait que nous avons tou·tes vécu des expériences gênantes, joyeuses, solitaires et poétiques afin de découvrir qui nous sommes.
Dix personnes de tous âges, racontent ici à Refinery29 comment s'est passé leur coming out.

Grace, 23 ans, elle/iel (she/they)

"J'ai commencé à me poser des questions au sujet de ma sexualité à l'âge de 13 ans. Une de mes amies a fait son coming out en tant que bisexuelle, et je me suis dit 'Ok, ça existe', puis j'ai commencé à paniquer, parce que j'ai pensé à toutes les relations que j'avais avec mes amies et d'autres filles, et je me suis dit que ça pouvait être des crush. J'ai fait une crise de panique et je n'ai pas dormi pendant deux semaines. J'en ai parlé à ma mère et je lui ai dit que j'étais peut-être gay, et elle m'a dit : "Ça va, tu n'es pas mourante". J'ai un peu oublié après ça pendant un moment. Je pense qu'une fois que j'ai eu l'acceptation de ma mère, je me suis dit que ce n'était pas si grave et que je n'avais pas à le découvrir maintenant.
J'ai fait mon coming out au moins quatre fois. J'ai fait mon coming out en tant que lesbienne parce que j'avais beaucoup de biphobie intériorisée. Un an plus tard, je suis à nouveau devenue bi, et c'est comme ça depuis. J'ai accepté le fait que j'étais attirée par les hommes et que cela ne me rendait pas moins queer, ce n'est pas une situation où il faut choisir. Et ça m'a apporté un sentiment de paix, je pense que c'est parce que j'avais peut-être plus confiance en moi, que je grandissais et que je n'essayais plus de me prouver à qui que ce soit."
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Danielle, 50 ans, elle (she/her)


"J'ai toujours été transgenre depuis aussi longtemps que je m'en souvienne, mais je pense que la différence, c'est qu'il m'a fallu beaucoup de temps pour trouver le langage et comprendre ce que cela signifiait d'être trans. Je savais que j'étais différente quand j'étais enfant et adolescente - il y avait beaucoup de choses qui ne collaient pas pour moi au niveau du genre, mais je n'avais tout simplement pas les mots pour le dire. J'avais l'impression de vouloir être une fille, et je pense que parce que j'ai grandi dans les années 70 et 80, ça me semblait mal. Alors j'ai fait un très bon travail de répression. C'était mon secret le plus noir. Personne ne l'a jamais su.
Puis, en 2009, j'ai finalement décidé de faire quelques recherches. C'est à ce moment-là que j'ai enfin trouvé le langage qu'il me manquait et que j'ai commencé à me donner de l'espace pour explorer et quand je l'ai fait, tout est devenu très, très vite clair. J'ai commencé à réfléchir, en particulier, au genre et à moi-même.
La ville d'Austin, TX, où je vis maintenant, a été très positif pour moi, et la communauté transgenre y est forte, résiliente et accueillante. Je suis allée dans un groupe appelé Transgender and Queer Social. C'était vraiment très fort d'entrer dans un endroit et de se retrouver dans une pièce avec des dizaines d'autres personnes transgenres. Honnêtement, jusqu'à l'année précédente, je pensais que nous étions tous de vraies licornes. Je n'avais jamais rencontré d'autres personnes transgenres - bien sûr que si, on est partout, mais je ne le savais pas. On a été conditionnés pendant si longtemps à être invisibles. TGQ est donc l'endroit où j'ai vraiment trouvé ma famille."
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Newt, 20 ans, iel (they/them)

"J'ai grandi dans le Sud des États Unis et je suis allée dans une école catholique, donc ce n'est pas qu'on m'ait appris qu'être gay, c'était mal, c'est que je ne savais même pas que c'était une option. La première fois que j'ai rencontré une personne gay, c'était quand ma grand-mère a vendu notre maison de famille. Le couple qui a acheté sa maison était deux hommes gays qui étaient absolument ravis du jardin. Je me souviens que ma mère a dû nous réunir pour discuter, car on se demandait : " Est-ce qu'ils ont une femme ? Est-ce qu'ils sont frères ? Est-ce qu'ils sont bons amis ? Et quelques années plus tard, elle nous a dit : "Eh bien, non, ma chérie, ce sont un couple marié. Ils sont gays."
Ce qui m'a vraiment marquée, c'est la comédie musicale Fun Home. J'ai vu cette histoire sur une vraie personne et j'ai juste réalisé, 'C'est ça. C'est moi. Il y a un nom pour ce que je ressens. Ce n'était pas juste réaliser que j'étais lesbienne. Je me suis dit 'Je suis une lesbienne butch, et c'est génial.'"

Olivia Julianna, 19 ans, elle (she/her)

"J'ai grandi dans un foyer très religieux, dans une région très baptiste du Sud des États-Unis, où je passais la majorité de mon temps à l'église. Très jeune, l'église m'a inculqué que la sexualité, quelle qu'elle soit, est un choix, et j'y croyais sincèrement. Je croyais que la personne qui m'attirait était un choix. Ce n'est qu'au cours de ma première année de lycée, lorsque j'ai téléchargé TikTok - et que j'ai commencé à créer mes propres TikToks - que j'ai commencé à explorer mon identité queer à travers des contenus politiques.
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"Je me suis lié d'amitié avec d'autres créateurs et créatrices, et on organisait des rencontres par FaceTime le week-end. Ils parlaient de leur vie amoureuse ou de leur sexualité, et ils plaisantaient toujours en disant que j'étais leur amie hétéro de service. Au fil du temps, ces conversations m'ont amené à m'interroger sur mon orientation sexuelle et m'ont fait réaliser que quand on y pense vraiment, beaucoup de mes comportements et de mes pensées ne sont pas vraiment hétéro.
"Ce n'est qu'au milieu de ma dernière année de lycée que j'ai fait mon coming out à ma famille. J'étais très détendue à ce moment-là. Je me rendais à un restaurant avec mon père pour dîner, et je lui ai dit : 'voilà, j'aime les filles'. Il m'a dit : "Tu ne me I'as jamais dit", à quoi j'ai répondu : "Ben, je te le dis maintenant". Et c'est tout. Après l'avoir dit à mon père, j'ai commencé à en parler plus ouvertement sur TikTok. Je n'ai jamais vraiment fait de coming out en ligne. J'ai juste commencé à exister."

Taharra, 36 ans, elle (she/her), et Danielle, 36 ans, elle (she/her)

T : "J'ai rencontré [Danielle] quand j'avais 20 ans. On a commencé par être amies. On ressentait quelque chose l'une pour l'autre, mais on ne se l'est avoué que des années plus tard."
D : "On est amies depuis très longtemps. On se connaît depuis près de 15 ans, et à travers tous mes hauts et mes bas, mes relations, mes amours et mes flirts, elle a toujours été là pour moi. Et j'ai toujours ressenti un petit frisson, un petit quelque chose, mais je n'ai jamais su quoi en penser parce qu'on était toutes les deux toujours avec quelqu'un d'autre. Alors j'ai juste rangé ça au fond de ma tête."
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T : "Quand le Covid a débarqué, on a toutes les deux réalisé que la vie était courte et qu'on voulait être avec la personne qu'on aimait et celle qui nous rendait heureuses. Il aura fallu 15 ans pour y arriver, mais on y est arrivé."
D : "Le meilleur avec mon coming out, ça a été mon père. Taharra et moi, on est allé au Mexique pour son anniversaire et on a pris un tas de photos. Je montrais à mon père des photos du voyage et il y avait cette photo de nous en train de nous embrasser, et il a dit : "Whoa, qu'est-ce que c'est que ça ?". Je me suis mise à sourire à pleines dents et avant même de pouvoir me reprendre, ma bouche s'est mise à bouger : "Ça, c'est Taharra, je l'aime beaucoup, elle est très importante pour moi. Ma bouche a commencé à parler avant que mon cerveau ne puisse me rattraper, et j'ai senti mon visage rougir, mais il n'a pas vraiment relevé. Il a dit des trucs sur Dieu, la Bible, et puis il a dit qu'il m'aimait, et il a dit qu'il aurait souhaité que je lui aie dit avant."
T : "J'étais dans le placard, et même quand on a commencé à sortir ensemble, je n'avais toujours pas fait mon coming out. Quand j'ai commencé à en parler, ça a été libérateur. Danielle n'est pas quelqu'un que je veux cacher."

Taylor, 26 ans, elle (she/her)

"J'ai été en couple avec un homme pendant neuf ans. Je suis sortie avec lui au lycée, puis on est allés à la fac et on a fait plein d'autres choses ensemble. Avec le recul, on avait des problèmes qui se comprennent maintenant, mais je pensais que c'était comme ça que ça devait se passer quand on est ensemble depuis longtemps. Je ne faisais que subir et je pensais que c'était normal. Puis, pendant la pandémie, je me suis inscrite sur Clubhouse et j'ai trouvé un groupe d'amis avec qui j'ai sympathisé. J'ai commencé à parler à une fille, on est devenues amies et tout était tout à fait normal, mais on se parlait tout le temps et un mois plus tard, j'ai réalisé que j'avais des sentiments pour elle.
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"J'ai passé les deux mois suivants à réfléchir sur moi-même, à lire des forums Reddit et à suivre une thérapie. J'ai fait mon coming out auprès de [ma partenaire], puis j'ai également dû le faire auprès de mes parents, car j'ai l'impression que tout mon entourage voulait savoir pourquoi on avait rompu. J'ai eu l'impression d'être obligée de faire mon coming out à tout le monde bien avant d'être prête, à cause de la situation dans laquelle je me trouvais.
Le plus dur a été d'essayer de démêler tout ça tout en faisant le deuil d'une relation. Ça a été vraiment, mais alors vraiment difficile, surtout parce qu'on avait été ensemble pendant si longtemps. Aujourd'hui, ça va beaucoup mieux. Je sors avec la même fille et mon père l'adore. C'était génial de voir que mon père me soutenait autant - il a vraiment validé mes sentiments. Il m'a dit : "Je ne t'ai jamais vu aussi heureux avec quelqu'un d'autre".

Yvy, 37 ans, elle (she/her)

"J'ai commencé à me poser des questions sur mon identité vers l'âge de six ans. L'un des premiers souvenirs enfant, c'est que j'adorais mettre un pull sur ma tête et faire semblant que c'était des cheveux longs. Pour moi, ce n'était pas un acte de rébellion ou autre - c'était juste l'envie d'être une vraie femme. Chaque fois que je portais un haut à manches longues, je l'enlevais et le mettais sur ma tête en imaginant que c'était mes cheveux. Je l'ai fait à la fête de mon quatrième ou cinquième anniversaire et ma mère, sans aucune méchanceté, l'a enlevé et m'a dit : "Bon, d'accord, tu dois t'habiller maintenant". Et c'est ce qui a commencé à mettre ce point d'interrogation dans ma tête en termes d'identité.
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"À 19 ans, j'ai fait part à ma mère de mes projets de transition. À l'époque, je vivais dans une ville du Royaume-Uni appelée Blackburn, mais je voulais déménager à Manchester - une ville plus grande, plus cosmopolite et plus ouverte. Ma mère a soutenu cette idée. Elle m'a dit : "Je ne pense pas que tu devrais rester à Blackburn. Je pense que tu devrais partir. Au début, je me suis dit que ma mère me mettait à la porte, qu'elle ne voulait plus de moi. Et puis elle m'a confié : "Je ne veux pas que tu partes, mais si tu restes ici, tu ne pourras pas t'épanouir comme je sais que tu le peux". C'était douloureux de partir parce que je ne voulais pas quitter ma mère, mais elle avait raison. Si j'étais resté dans ma ville natale, je ne serais probablement pas la personne que je suis aujourd'hui.
"Il m'a fallu beaucoup de temps pour trouver ma communauté. Je n'ai pas regardé à l'extérieur pour savoir comment agir ou penser ou quoi que ce soit de ce genre, je me suis simplement tourné vers l'intérieur, ce qui a été une vie assez solitaire mais, avec le recul, je suis vraiment contente de l'avoir fait. Je n'avais l'influence de personne pour me dire : "C'est comme ça que tu dois être, c'est à ça que les personnes trans doivent ressembler, tu dois porter des minijupes, tu dois mettre du fard à paupières bleu, etc. Je pouvais juste être moi-même, et voilà. Cela m'a vraiment aidé à construire mon identité - pas seulement en tant que femme trans, mais en tant qu'Yvy."
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Zi (Donnya), 32 ans, il/elle/iel (he/she/they)

"Quand j'avais 12 ans, j'avais ce que je sais maintenant être un crush pour cette grande artiste de Trinidad. À la fin de ses vidéos, elle faisait ce petit rire - je regardais ces vidéos encore et encore. Mais je n'ai jamais compris ce que ça voulait dire. Puis, un jour, ma meilleure amie de l'époque m'a dit que quelqu'un lui avait demandé si j'étais bi. Je ne savais pas comment répondre parce que je n'avais aucune idée de ce que voulait dire d'être bi, alors j'ai cherché le mot, et je me suis dit : "Ah, bah c'est ça !". J'ai pu mettre une étiquette sur ce que je ressentais déjà. Je me suis sentie bien, même un peu euphorique. Je me souviens m'être immédiatement identifiée comme bisexuelle.
"Le coming out est un processus continu. J'ai d'abord fait mon coming out auprès de mes amis, puis les gens à l'école ont commencé à en parler. Mais j'ai fait réellement mon coming out lorsque j'ai commencé à défendre les intérêts de la communauté queer. Et puis, à 22 ans, il y a eu un gros coup de projecteur dans le journal - c'était fou. Je suis originaire de la Barbade, c'est un petit pays, et le fait d'être exposé publiquement comme ça dans un petit pays, c'est quelque chose d'énorme. Les gens m'arrêtaient dans la rue et me parlaient de mon coming out, surtout les jeunes gays. C'était vraiment spécial d'être cette personne pour eux."
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Maya, 48 ans, elle (she/her)

"Il y a cette histoire que je raconte tout le temps : j'étais dans une voiture avec des amies quand on avait 15 ou 16 ans. Un mec est passé, vêtu d'un short en jean et rien d'autre, et toutes les filles ont dit : "Regardez-moi ces tablettes de chocolat !". Au même moment, une Jaguar est passée et j'ai dit : "Regardez-moi cette voiture ! ". Tout le monde s'est retourné et m'a dévisagée : "Euh, tu as vu le mec ?" et j'ai répondu : "Euh, tu as vu la voiture ?".
"Pour moi, il y a beaucoup de choses qui entrent en ligne de compte dans mon identité. Il y a tellement de choses qui m'ont empêchée de me connaître, et en plus, j'ai eu des traumatismes dans mon enfance. J'étais une bonne chrétienne, j'ai été connue très tôt comme une féministe et je suis allée à l'école biblique parce que je voulais briser le plafond de verre de l'intérieur. J'ai fait quatre ans d'école biblique et j'ai rencontré mon mari à la deuxième fac où je suis allée, et parce que je l'aimais mieux que les autres - et il était vraiment fait pour moi, à bien des égards. Ce fut un mariage dur et difficile. À 45 ans, je me suis regardée et j'ai réalisé que j'essayais de me faire une place dans un espace dont je ne savais même pas pourquoi il était inconfortable, je savais juste que ça l'était.
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"On était sur le point de déménager quand j'ai rencontré une amie et qu'elle m'a dit : "Avant que tu ne partes, il faut que tu saches que je suis intéressée par toi". Puis, les plans ont changé et on n'a pas déménagé, et mon amie m'a demandé : "Tu crois que ton mari te laisserait avoir une copine ?". Je l'ai approché avec cette question, mais il n'était pas très sûr. J'ai fini par partir en week-end avec mon amie, et je lui ai dit sur le ton de l'humour : "Pourquoi partir en week-end alors qu'on pourrait juste s'embrasser et que tu pourrais te rendre compte à quel point je suis brisée ? Je n'embrasse même pas bien.
"Pour faire court, même une seule secondes avant qu'on s'embrasse, si quelqu'un m'avait dit, 'Maya, tu es gay', j'aurais dit, 'Non, c'est une blague'. Et puis on s'est embrassé, et tout est remonté. Tout. Mon corps a finalement répondu d'une façon dont je ne savais pas qu'il était capable de répondre."
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