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Et si j’arrêtais le sucre pour ma santé mentale : les stades et symptômes du sevrage

Le déconfinement est arrivé ! Et l'heure de l'état des lieux en remettant un pantalon laissé deux mois dans le placard aussi ! Le récent sondage de l'IFOP montre que les français on pris environ 2,5 kilos en moyenne. Alors vous allez me dire, avec ce qu'on vit en ce moment, si en plus il faut se priver de ses petits plaisirs, alors qu'est-ce qu'il nous reste ? Bien sûr, ne plus consommer de sucre pendant plusieurs semaines semble être une torture. Mais en même temps, est ce qu'il ne serait pas judicieux de mettre à profit ce temps pour se recentrer et surtout, se faire du bien. Du bien au corps et à l'esprit. Parce que oui, le sucre a un effet sur le corps bien sûr, mais aussi sur l'esprit. Explications :
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Difficile d’ignorer le consensus sur le sucre par les temps qui courent : si l’on se fie à Instagram, au mieux, le sucre est nocif pour la santé et au pire il est aussi addictif que la cocaïne. Mais le zéro sucre n’est pas simplement la dernière lubie des célébrités pour perdre du poids, tout indique que le sucres aurait un impact négatif sur la santé mentale. Une étude conduite entre 1994 et 1998 sur un panel de 70 000 femmes post-ménopause, dont aucune ne souffrait de dépression au début des essais, a conclu que les sucres ajoutés ont un lien indéniable avec la dépression. Cette étude, réexaminée par l'American Journal of Clinical Nutrition l’année dernière, a permis de conclure que les personnes qui ont un régime alimentaire à l'indice glycémique élevé courraient un plus grand risque de souffrir de dépression.

Je souffre de dépression et cela faisait déjà presque deux ans que je flirtais avec l’idée d’arrêter les sucres raffinés.

Le sucre raffiné est un sucre qui a été conditionné de manière à en retirer la plupart des nutriments naturels. C’est le sucre de table, comme le sucre glace par exemple. Tous les aliments contiennent des sucres naturels (même les légumes), mais les sucres non raffinés conservent leurs nutriments, ce qui les rend relativement sains.
Photo : Amanda Ringstad.
Ce qui m’a réellement motivé à arrêter le sucre, c’est Fearne Cotton — qui a récemment publié un livre de recettes sans sucre — ou plutôt mon envie de lui ressembler. Quelle personne saine d’esprit ne rêverait pas d’être Fearne Cotton ? Mais je ne suis pas une personne saine d’esprit ; je prends des antidépresseurs, et je commence à me demander si ma relation au sucre ne serait pas plus qu’un simple symptôme, mais plutôt l’origine de ma dépression.
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Afin de mieux comprendre les effets du sucre sur la santé mentale, je me suis tourné vers Elspeth Waters, une nutritionniste diplômée en thérapie nutritionnelle et en naturopathie. C’est après une période de maladie chronique et d’anxiété qu’Elspeth s’est intéressée à la nutrition. Son expérience des bienfaits d’un régime plus sain l’a poussée à étudier et à travailler dans ce domaine. Elle nous explique que le sucre est extrêmement toxique et qu’il faut un nombre important de nutriments pour le métaboliser, comme par exemple le magnésium (le tranquillisant de la nature) et des vitamines du complexe B, qui – en plus d’être essentielles à la production d’énergie – permettent de maintenir une humeur stable. En d’autres termes, non seulement le sucre cause une instabilité des niveaux d’énergie, mais il va en plus brûler vos ressources d’énergie existantes, ce qui a un impact direct sur le fonctionnement de votre cerveau.

Manger des sucres raffinés affecte la stabilité du taux de glycémie, ce qui met le corps à rude épreuve

Elsepth Waters, nutritioniste
Elspeth explique également que « manger des sucres raffinés affecte la stabilité du taux de glycémie, » ce qui d’après elle « met le corps à rude épreuve, qui va généralement libérer un peu trop d'insuline par rapport à la quantité de sucre absorbée, ce qui a pour effet de faire baisser le taux de glycémie tout aussi rapidement qu'il a augmenté. » Voici donc pourquoi, selon la science, je me sens malade après avoir ingurgité quatre (oui quatre !) Mars glacés d'affilée. « Cet effet de pics et de creux affecte tous les processus hormonaux du corps, y compris les hormones du bonheur, la sérotonine et la dopamine, ce qui a pour effet de nous rendre nerveux·se·s, irrationnel·le·s, léthargiques et dépressif·ve·s.
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Photo : Ruby Yeh.
Dire que j’en ai fait l’expérience personnellement serait un euphémisme. Certains jours, j'ai l'impression que de m’extirper du lit est tout aussi difficile que de soulever le marteau de Thor. Et pourtant, rien ne pourrait m’empêcher de faire l’effort herculéen de traverser la rue pour faire le plein de sucreries, pour m’empiffrer jusqu’à en avoir mal au ventre. Puis de faire une pause de 20 minutes avant de m’empiffrer encore un peu plus. Nul besoin de vous préciser que je n’en retire aucun plaisir. Bon d’accord, un peu au début, mais très vite je commence à me sentir mal et finis en boule sur le sofa. Je me dégoute ce qui me donne une raison de plus de me sentir coupable et déprimée. C’est pourquoi, épuisée de ce cercle vicieux et bien déterminée à le briser, j’ai décidé d’arrêter complètement ma consommation de sucres raffinés durant tout un mois, pour voir si cela aurait un effet sur ma santé mentale.
Pour partir du bon pied, je me suis rendue dans une boutique diététique et j’ai fait le plein d’ingrédients comme du sucre de coco, du sirop d’érable et j’ai me suis lancée avec les recettes que j’avais épinglé à mon Pinterest, avec un énorme coup de cœur pour la recette du banana bread de Fearne Cotton bien entendu, et les barres bounty de LizzieLoves . J’ai également préparé mon propre lait d’amandes à la vanille et mon beurre de cacahuètes. Rien ne donne la sensation d’un travail bien fait comme d’observer cette texture granuleuse se transformer en beurre de cacahuètes bien lisse. Durant les deux premières semaines, je me suis permis chaque jour une petite gourmandise sans sucres raffinés et cela a suffi à satisfaire mon envie de sucré.
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J’étais dépendante aux sucres, sans en avoir l’air… Je me cachais derrière les soi-disant sucres sains, comme le miel, le chocolat noir et les fruits.

Sarah Wilson, auteure et blogueuse cuisine
Après cela, je me suis sentie prête à passer à la vitesse supérieure. Le livre I Quit Sugar de Sarah Wilson, qui conseille d’arrêter non seulement les sucres raffinés, mais aussi tous les types de sucres — même ceux présent dans les fruits — me faisait de l’œil depuis quelque temps déjà. « Ouvre-moi Hannah, » murmurait-il, « le temps est venu et tu le sais pertinemment. » Si j’ai un conseil à vous donner, le voici : si vous avez l’impression qu’un livre vous parle, alors ouvrez-le. Ou alors consultez votre médecin, car il est possible que votre maladie mentale ait empiré, ou alors c’est peut-être l’hypoglycémie. J’ai donc ouvert le livre. « J’étais dépendante aux sucres, sans en avoir l’air… Je me cachais derrière les soi-disant sucres sains, comme le miel, le chocolat noir et les fruits. » peut-on lire sur la première page du livre de Sarah Wilson.
Photo : Amanda Ringstad.
Sarah et moi en avions déjà discuté et je trouvais franchement qu’elle était quelque peu déraisonnable. Alors les quelques fois où j’ai tenté d'arrêter le sucre, j’ai préféré ignorer son conseil et je me suis contenté d’arrêter les sucres raffinés, comme je venais de le faire ces deux dernières semaines. Mais alors que passais mes journées à attendre le moment où j’aurai enfin droit à une de mes gourmandises ‘saines’, je savais qu’il était temps de renoncer à tous les sucres (cela inclut le fructose et donc les fruits) en suivant son programme sur huit semaines. Pas de panique, ce n’est pas pour toujours. Le but est de tout arrêter pour repartir sur de bonnes bases et d’assainir votre relation aux sucres naturels. Il faut garder à l’esprit qu’avec la quantité de sucres contenue dans nos aliments, un régime sans sucre équivaut quand même à six cuillères à café de sucres par jour.
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Les stades et symptômes du sevrage de sucre par lesquels je suis passée

Très rapidement, j’ai remarqué que mon appétit avait diminué. Je mangeais mes trois repas par jour, mais je n’avais plus de fringales vers 11 h et 15 h comme c'était le cas auparavant. Mon taux de glycémie était stable. L’expérience s’est déroulée sans trop de difficultés. Je n’ai même pas ressenti de vertiges comme la première fois que j’ai décidé d’arrêter le sucre. Je n’ai pas eu à y penser. Mais c’est peut-être parce que j’étais trop occupée à me transformer en compte Instagram ambulant. J’ai préparé mes propres céréales pour réduire ma consommation en sucres. Des flocons d’avoine, des amandes, des flocons de coco grillés à l’huile de coco avec de la cannelle et des épices, servis avec un yaourt grec.
Durant ces deux semaines, j’étais d’une humeur terrible. Je m’occupais pourtant d’un chien que j’adore, mais rien, pas même nos belles balades à la campagne, n’a réussi à me remonter le moral. En réalité, c’est à peine si je remarquais la nature alors que je la traversais. Je suis également restée clouée à mon canapé pendant deux jours à cause de la dépression. Cela m'est tombé dessus. Le premier jour, alors que j’ouvrais mon ordinateur après une balade matinale, je me suis sentie envahie par un sentiment d’anxiété. J’ai essayé de passer outre et de travailler quand même, mais une heure plus tard, j’étais recroquevillée en boule sur le canapé et j’ai passé ma journée à dormir. Deux jours plus tard, ça recommençait. Dès que j’ai allumé mon ordinateur, j’ai été envahie par ce même sentiment de tristesse et j’ai fait la même chose. Ça ne m’était jamais tombé dessus comme ça avant ou même depuis. C’était peut-être la réaction de mon corps au sevrage du sucre.
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Lors de la troisième semaine sans sucres (la cinquième semaine du programme) j’ai commencé à avoir mes SPM. Jamais je n’avais autant pensé au chocolat que durant cette semaine. Je ne parle pas de chocolat au lait, ni de la barre chocolatée qui trainait dans mon frigo, mais bien de chocolat noir, parce que mon palet n’était plus du tout habitué au sucre. Ma volonté a été mise à rude épreuve alors que je rendais visite à une proche d'un certain âge, qui m’a proposé une part de tarte chocolat-orange. J’ai joué avec en me disant qu’elle ne remarquerait peut-être pas que je ne mangeais pas, car je n’avais aucune envie d’avoir cette conversation. Cela n’a pas fonctionné. Elle m’a fait remarquer que je n’avais rien mangé, alors j’ai avalé quelques bouchées pour lui faire plaisir. Malgré mes envies de chocolat, c’était beaucoup trop sucré à mon goût.
À ce stade, le sucre avait perdu tout son attrait. Je commençais à voir mes repas comme la vraie récompense et j’ai commencé à accorder plus de temps à leur planification ainsi qu’à leur préparation. Le fait que j’adore cuisiner et que cela me permette même de me calmer lorsque je suis stressée aide un peu (bon d’accord, ça c'est de Fearne Cotton – c’est peut-être qui l’a dit, mais j’ai approuvé.) En réalité, ces quelques semaines avaient été très stressantes pour des questions de travail et de finances, mais je ne me sentais pas déprimée. Lorsque je suis en dépression, des tâches simples comme laver la vaisselle deviennent insurmontables, mais là, je préparais trois repas par jour, je faisais la vaisselle et je n’avais plus envie de grignoter n’importe quoi toutes les cinq minutes. Je ne peux pas dire que ça soit entièrement dû au zéro sucre, mais l'impact est indéniable.
Au milieu de la sixième semaine, je suis allée en vacances et j’ai alors décidé que je pouvais faire une petite entorse au régime sans sucre pour manger une petite glace, car qui dit vacances, dit glace. J’ai donc ignoré la règle sans sucre pendant huit semaines et je me suis autorisé un petit plaisir. Mais depuis mon retour de vacances, la seule chose qui me fait envie, c’est de bons légumes bien frais et je me suis remise au sans sucre. Je ne suis pas ultra-stricte, car s’il y a bien une chose que j’ai appris durant ces semaines, c’est que le but n’est pas de suivre les règles à la lettre, — même si les règles sont celles de Fearne Cotton — ce qu’il faut, c’est suivre vos propres règles. En arrêtant le sucre, j’ai également appris qu’un petit plaisir n’était pas forcément quelque chose de mauvais ; cela peut être de profiter d’un grand lit qui sent bon le frais, se préparer un bon repas, prendre un café avec des ami·e·s, lire un bon livre, ou se permettre une petite sucrerie de temps en temps sans se sentir coupable. Lorsqu’on traite son corps avec respect, qu’on se nourrit sainement et qu’on prend soin de soi, on se sent forcément plus heureux. Alors oui, mettre un terme à ma relation au sucre m’a aidé à me sentir mieux, mais cela ne représente qu’une toute petite partie d’un projet beaucoup plus important pour moi : apprendre à prendre soin de moi avant, durant et après une journée de dépression.

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