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Arrêtez les commentaires sur mon corps “pour mon bien”

Je ne saurais vous dire le nombre de fois on m'a fait des commentaires sur mon corps en me disant : "si je te dis ça, c'est pour ton bien."
Je sais ce que c'est que de s'inquiéter pour quelqu'un - je suis une maman Poissons ascendant angoissée. Blague à part, c'est assez éprouvant de subir une "intervention" de la part d'une personne qui, après vous avoir invitée chez elle, tient à vous exprimer à quel point elle s'inquiète pour votre corps. 
Dans ce cas précis, il s'agissait d'une personne que je connaissais, et même si ses inquiétudes étaient sans doute basées sur des vieilles croyances négatives au sujet de mon corps gros, je l'avais invitée dans ma vie - et je m'attendais à mieux de sa part.
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Le fait de considérer la santé comme une vertu morale est sexiste et repose essentiellement sur des jugements hâtifs et non fondés. On ne peut pas juger de la valeur d'une personne en fonction de sa santé. D'ailleurs, les idées traditionnelles sur ce qu'est la santé changent constamment, et il a été prouvé à maintes reprises qu'elles sont fausses.
J'ai un profil public sur les réseaux sociaux et je travaille régulièrement dans un espace qui attire naturellement des opinions de toutes parts, mais ce n'est pas quelque chose que je recherche. Je suis assez explicite quant aux limites que je fixe en ligne, mais, malgré tout, les gens déversent leurs opinions directement dans mon inbox. Et non, je n'ai jamais demandé que l'on me dise, sans transition aucune, que je devrais essayer de parler davantage de ce que je fais pour être "en bonne santé".
Ces dernières semaines, j'ai reçu des messages et des commentaires décrivant ce que je fais comme étant nuisible et malsain (ainsi qu'un tas d'autres propos beaucoup moins polis). Apparemment, il est absolument intolérable d'exister sans honte en ligne quand on est gros·se.
J'ai la peau dure. Je me laisse rarement atteindre par ce que les gens disent de moi, et les commentaires désagréables que les gens laissent sur mes posts sont automatiquement supprimés afin que d'autres personnes qui pourraient les lire et les prendre à cœur n'aient pas à gaspiller leur précieuse énergie avec ces conneries. Mais que dire des personnes qui continuent de parler de régimes, de silhouettes, et de critiquer le corps des célébrités comme si c'était normal ? Comme si c'était inoffensif ? Et comment les enfants qui entendent ces choses apprennent à devenir la prochaine génération de bourreaux des corps ?
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Entendre les gens parler dans les magasins de ce qu'ils achètent et des calories que cela contient, ou les entendre critiquer le corps des autres (ou le leur), ça fait mal. Même si vous vous sentez en droit de vous engager dans ce genre de discussions, vous devez vous rappeler que vous n'êtes pas la seule personne concernée. 
Pas plus tard que la semaine dernière, on m'a dit que mon travail et mon message d'acceptation de soi étaient "une image très négative à envoyer aux enfants... dire aux enfants qui pourraient voir vos posts que c'est normal d'être gros·se. C'est totalement irresponsable". Cette personne a été rapidement bloquée. 
La santé, ce n'est pas quelque chose que l'on doit à qui que ce soit, surtout pas à des inconnu·es sur Internet. Ce n'est certainement pas non plus quelque chose que l'on peut juger en jetant un simple coup d'œil sur quelqu'un. Au mieux, les personnes qui font ça sont grossophobes et incapables de le désapprendre, au pire, ce sont des trolls qui critiquent à couvert de vouloir "votre bien". Ce n'est qu'une autre façon de saper les efforts de celles et ceux qui luttent contre les préjugés. La vérité, c'est que les commentaires qui perpétuent des représentations dépassées du corps nuisent au travail de libération des personnes grosses, ainsi qu'aux personnes qui vivent avec des maladies chroniques et des handicaps
Les personnes qui laissent ces commentaires savent que ce qu'elles disent est blessant - mais elles le disent quand même. Elles sont convaincues d'avoir raison, ou même d'aider, si bien que le mal qu'elles peuvent faire est sans importance. 
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Les personnes qui se cachent derrière des écrans aiment croire que tou·tes celles et ceux qui entendent leurs paroles comprennent leur intention - et aussi que l'intention est plus importante que l'impact que leurs paroles peuvent avoir. Mais elles se trompent. À plusieurs reprises, on m'a dit que j'étais tyrannique parce que je ne laissais pas passer certains mots blessants de la part d'une personne que je suivais en ligne. On m'a dit que je n'avais simplement "pas compris" ce que cette personne essayait de dire, qu'elle "ne pensait pas à mal" et qu'elle ne méritait pas toute cette "haine".
Ce n'est pas de la haine.
C'est la conséquence de vos paroles, et cela fait partie l'acte de laisser des commentaires publics sur le corps de quelqu'un (que ce soit en évoquant le vôtre ou en donnant des conseils non sollicités - et probablement incorrects - sur sa santé et son poids).
Nous, les gros·ses, sommes régulièrement victimes de préjugés grossophobes dans le contexte médical. Ajoutez à cela une possible identité intersectionnelle qui conduit votre médecin traitant à avoir des préjugés sur la couleur de votre peau, votre sexualité, votre genre et votre handicap et vous obtenez le jackpot des préjugés. Il faut arrêtez de perpétuer les mythes sur la santé et le poids.
Les médecins, les professionnel·les du fitness et les scientifiques qui évoquent des sujets tels que l'IMC, ou qui expliquent pourquoi un poids dans la moyenne basse est automatiquement synonyme de bonne santé, donnent de la crédibilité à un discours qui, autrement, serait plutôt fragile. Des émissions telles que The Biggest Loser (un jeu télévisé durant lequel des personnes souffrant d'obésité font une course à la perte de poids en quelques mois) sont populaires parce qu'elles prétendent "changer la vie" des participant·es, mais cela ne signifie pas que les personnes qui ne ressentent pas le besoin de se porter volontaires pour une telle expérience ont besoin ou envie de subir les mêmes transformations.
Que vos réflexions sur le corps des autres ne soient que des projections de vos préjugés ou que vous pensiez simplement que nous avons désespérément besoin de vos conseils (non avisés), je lance un appel à tou·tes celles et ceux qui ont l'intention de laisser un commentaire sur le corps de quelqu'un d'autre : abstenez-vous !

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